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Anie Matois, Bitch Please !

Dernière mise à jour : 8 févr.

" ...une manière de rejeter catégoriquement une idée en y ajoutant une dose de piquant ou de dérision...."


À travers broderies et coutures détournées de leur usage traditionnel, Anie Matois transforme des techniques ancestrales en manifeste contemporain. Ses œuvres colorées questionnent avec humour et audace les normes qui nous enferment. Bitch Please ! c'est à découvrir au 12 La Galerie, du 22 février au 22 mars 2025.



Anie Matois - Photo : Guillaume Haurice
Anie Matois - Photo : Guillaume Haurice

Pourquoi ce titre ?


Bitch please ! c'est de l'argot anglo-saxon qu'on peut traduire approximativement par Sérieusement ?! , Tu te moques de moi ? », ou encore Lâche-moi avec ça ! Cette expression est issue de la culture populaire, notamment afro-américaine et queer, où elle a pris une tournure performative et humoristique. Cette phrase était utilisée dans ces cercles marginalisés pour exprimer une résistance ou une irrévérence face aux normes. Elle s'est largement diffusée dans les communautés queer, où elle sert souvent d'outil d'empowerment verbal. Et puis elle a été popularisée plus récemment par des mèmes Internet.

C'est une expression qui exprime une forme d'incrédulité teintée de mépris, souvent dans un contexte humoristique, sarcastique, ou même moqueur ; pour répondre à une situation ou un commentaire jugé absurde, prétentieux, ou ridicule. C’est une manière de rejeter catégoriquement une idée en y ajoutant une dose de piquant ou de dérision.

Dans le contexte de l'exposition, ce terme devient une provocation, c’est une manière de dire « Je ne me soumettrai pas à vos règles » avec... un peu d'aplomb ! Elle est aussi utilisée pour désamorcer ces situations absurdes que je mets en lumière, en insistant sur leur ridicule.


Photo : Guillaume Haurice
Photo : Guillaume Haurice

Tu utilises la broderie et la couture, traditionnellement associées à la sphère domestique « féminine ». Ce choix reflète ton parcours personnel d’artiste et de femme ?


Quand ma grand-mère était jeune, on lui apprenait à coudre à l'école. C'est auprès d'elle et ensuite de ma mère que j'ai commencé à coudre. J’ai grandi dans un monde où la broderie et la couture étaient perçues comme des pratiques délicates, féminines, décoratives...

En les détournant pour porter un discours politique et subversif, je revendique un espace où ces techniques deviennent des armes, où la douceur apparente cache une contestation profonde.

Ce choix reflète mon propre parcours : naviguer entre les attentes imposées aux femmes et la nécessité de s’en affranchir, en transformant des savoir-faire traditionnels en vecteurs d’émancipation et de rébellion.


Pourquoi avoir choisi l'humour et la dérision pour aborder des sujets aussi sérieux que les injonctions sociales et le contrôle des corps ?


J'essaie de moins me prendre au sérieux. Cette approche crée aussi un espace de dialogue plus accessible. L’humour et la dérision permettent de désamorcer la violence d'une réalité tout en les rendant visibles et percutantes. Plutôt que d’imposer un discours frontal ou moralisateur, je préfère jouer avec l’absurde et l’ironie pour souligner l’incohérence de ces normes. Le rire devient un moyen de résistance, une façon de reprendre le pouvoir sur des mots et des idées qui oppressent. 


Tu parles de rendre l'art plus inclusif et accessible. Comment cela se traduit-il concrètement dans ta pratique artistique et dans la façon dont tu as conçu cette exposition ?


Je privilégie des techniques populaires et artisanales comme la broderie, qui évoquent un savoir-faire familier et accessible à tou·te·s. En détournant des objets du quotidien (sous-vêtements, napperons), je crée un lien direct avec le spectateur, en jouant sur la reconnaissance et la surprise. L’humour et la dérision rendent aussi le propos moins intimidant, invitant chacun·e à s’identifier et à interagir avec les œuvres. Enfin, mon choix de sujets – les injonctions, les stéréotypes, le contrôle des corps – s’ancre dans des expériences universelles, rendant l’exposition engageante et inclusive.



Anie Matois

du 22 février au 22 mars 2025


> Vernissage le sam. 22 fév. à 18H


12 La Galerie : 12 rue Sainte-Marie, 97400 Saint-Denis

Tous les samedis de 11h à 18h, le reste de la semaine sur RDV (12lagalerie@constellation.re)



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