Pour Arrêter le temps, sa nouvelle exposition, Chloé Robert continue d'explorer ses thèmes de prédilection : le rapport de l’Homme à ses semblables, au vivant et à l’ordre des choses. Mais l'artiste expérimente un nouveau support : le bois, dont elle a choisi de faire des découpes...
Quel à été le point de départ de ta réflexion, pour la conception de cette exposition
J'étais réinscrite à l'ESA du Port en 2020 pour étudier la céramique. J'y ai fabriqué un pied en volume à partir d'un petit croquis. L'exposition ARRÊTER LE TEMPS découle de ce pied. Je propose de réfléchir à l'impact d'un acte simple et anodin : faire un pas peut détruire les mondes dont nous n'avons pas conscience. Le découpage de bois est une idée que j'ai en tête depuis la découverte du travail de Stevie Shao sur internet. J'attendais le bon endroit et le bon moment pour cette expérimentation : la proposition de collaboration avec Constellation s'est avérée idéale.
Qu'est ce que le travail avec le bois t'apporte et que tu n'as pas avec le dessin ? Pourquoi avoir voulu se lancer dans cette expérimentation ?
Mon objectif était de sortir du dessin sur papier classique, d' expérimenter le dessin "objet", qu'on puisse manipuler et installer autrement. Le système d'accroche que Clément m'a proposé est parfait pour les mettre en valeur. Quand on regarde les formes, apparaissent subtilement des ombres portées.
Le résultat, c'est de la deux dimension augmentée! C'est une première expérience, ça me donne envie d'explorer encore plus cette technique, notamment en couleur.
L’exposition s’intitule « arrêter le temps », mais paradoxalement, tu évoques dans ta note d’intention, une intrusion brutale qui perturbe un équilibre en place, et qui sous-entend donc des mouvements, des perturbations à venir…? Il y a un paradoxe immobilité / mouvement ?
C'est l'idée d'un arrêt sur image qui m'intéresse, comme si nous étions témoins d'une scène muette mais dynamique et que nous appuyions sur le bouton de la télécommande VHS pour figer cet instant précis.
Je voulais mettre l'accent sur le mouvement, la panique, l'affolement. Après l'installation, je réalise qu'il y persiste tout de même une sensation très douce. C'est comme si la fin du monde pouvait avoir plusieurs textures.
La fin de notre monde me parait de plus en plus palpable et concrète, pourtant, je perçois de la lumière...
Pourquoi faudrait-il selon toi, « arrêter le temps » ?
Il s'agit d'un constat tellement évident, on en parle beaucoup mais j'ai l'impression que l'action est plus complexe à mettre en place. Je parle d'écologie, de respect, de rapport de domination entre les êtres, à l'intérieur même des sociétés, mais aussi avec les autres vivants, les paysages, les végétaux, les minéraux, que l'occident considère comme un monde séparé de nous. Je préfère croire en la parole d'une amie chère, Tatiana Patchama: " Nous sommes le prolongement les uns des autres ". Comment est ce possible d'imposer une telle violence à la vie, alors que nous sommes censés avoir la raison. Je me demande si l'occident qui semble revendiquer une certaine vérité et aime beaucoup l'imposer aux autres, ne s'est pas simplement complètement planté !
C'est assez caricatural, mais en même temps la fin de notre monde me parait de plus en plus palpable et concrète. Pourtant, je perçois de la lumière, de la douceur dans les interstices de ces réalités.
Arrêter le temps,
Chloé Robert
du 2 au 30 septembre
Vernissage le 2 septembre à 18H
12 La Galerie : 12 rue Sainte-Marie, 97400 Saint-Denis
Tous les samedis de 11h à 18h, le reste de la semaine sur RDV (12lagalerie@constellation.re)
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