du 15 avril au 20 mai 2023
12 La Galerie
Au mois de novembre dernier, j’étais passager d’une voiture qui se rendait dans la ville de Saint-Paul par la Nationale 7. Cette route emprunte le pont le plus proche de l’océan qui traverse la Rivière des Galets. Avant de s’engager sur ce franchissement pour sortir de la ville du Port, en contre bas de la 2x2 voies, et presque le long de l’Avenue de la Marine, j’aperçus, érigé au milieu d’une végétation rase et consumée par la sécheresse de l’hiver austral, un poteau blanc.
Pourquoi est-il placé ici ? Appartient-il à une cage qui jalonnait il y a longtemps un terrain de football ? Est-ce qu’une équipe avait pour habitude de venir côtoyer ce lieu à la périphérie de la ville ? Des interrogations sans réponses immédiates deviennent le prétexte d’une traque à l’indice, la trace qui abordera l’histoire passée de ce rectangle de terre aride maintenant déserté.
Aidé par des discussions et guidé par des lectures sur la ville du Port et ses actions pour une politique sportive dans le début des années 70, je tombe sur un chapitre qui aborde les « interquartiers » de football. Des photos d’équipes, cernées de leurs noms m’orientent un peu plus ; A.S. Épuisement, F.C. ZUP, 31 Juillet F.C., U.S. Coopémar. Et c’est grâce à la découverte d’un numéro hors-série du magazine GRADINS sur l’équipe du 31 Juillet F.C. que le noeud va se démêler. Le magazine sorti en date du 16 janvier 1990 retrace le périple de ce club de quartier.
L’exposition 31 Juillet F.C. organise une collection d’objets qui retrace l’histoire de ce club de quartier aujourd’hui éteint. L’histoire de 16 voisins originaires du quartier Coeur-Saignant, qu’un événement va rapprocher et pousser vers une épopée collective qui animera un peu plus cette partie de la ville.
Si le terrain bordant les lignes sinueuses et parfois mouvantes de la Rivière des galets a vu son existence réduite, les photographies, les tissus, les trophées et les textes alimentent le récit onirique de cette équipe, qui a partagé les matchs de tous ceux ayant participé à l’aventure des interquartiers initiés par l’Organisme Municipal du Sport de la ville du Port en 1970.
" J’ai mis longtemps à comprendre que la création plastique pouvait servir des discours qui m’étaient chers et visibiliser ce qui est moins visible. C’est comme ça que j’aborde ma pratique artistique "
Joseph Ladj'
Paysagiste concepteur, Quentin Le Mana'ch- Joseph Ladj', s'attache à joindre la conception à une idée concrète, lorsqu'il travaille sur l'espace public. Et il dessine aussi, pour lui, des motifs qui le touchent : la banlieue dans laquelle il a grandi, composée de pavillons, de grands ensembles et de délaissés. Il comprend alors que la création plastique peut servir des discours qui lui sont chers, et peut contribuer à visibiliser ce qui n'est pas ou moins visible...
C'est ainsi qu'il s'intéresse au football. A un football qui ne passe pas à la télévision mais qui se regarde accoudé à un poteau avec quelques amis le dimanche. Ce football se construit dans son imaginaire. Empreint de fiction, il explore alors une autre réalité...
Tu as su que tu voulais devenir artiste quand ….?
Je pense que je suis d’abord un paysagiste, ce métier me permet de m’intéresser aux territoires, les habitants qui les composent, l’histoire qui les a fait et les paysages qui le caractérisent. C’est grâce à ce métier que je gagne ma vie. Ma volonté de montrer ma pratique artistique est encore nouvelle et en réflexion.
3 artistes qui ont compté pour toi ?
Marguerite Duras pour son franc-parler et ses directions qui me semblent claires
Benoit Guillaume pour le foisonnement et les voyages
Hakim Hess pour son travail plastique et l’expérience des corps
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